Québec inc. en mode acquisition

août 22, 2017 8:55 am Publié par Marilyn Remillard Catégorisé dans:

Condamné à être acheté, Québec inc. ? Au contraire ! Si l’actualité économique des dernières années a été marquée par la vente de fleurons québécois à des entreprises d’ailleurs, les sociétés québécoises sont plus nombreuses à faire des acquisitions à l’étranger, révèlent des données obtenues par Le Journal.

La vente d’entreprises locales à des intérêts américains ou canadiens, comme Rona, Alcan ou Saint-Hubert, marque l’imaginaire. Mais dans les faits, le Québec inc. est beaucoup plus acheteur qu’acheté.

Le Québec a bel et bien vu 90 de ses entreprises passer à des mains non canadiennes entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin dernier.

Sauf que pendant la même période, ce sont 314 sociétés situées à l’extérieur du Canada qui ont été acquises par des compagnies d’ici, selon des données compilées par le ministère l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec à la demande du Journal.

Entreprises en expansion

C’est donc dire que pour chaque entreprise québécoise vendue, 3,5 autres sont achetées dans d’autres pays par des investisseurs québécois pour assurer la croissance de leur entreprise.

On ne parle pas que de petites transactions.

Sur les 314 acquisitions effectuées par des entreprises québécoises à l’échelle internationale depuis 2010, la valeur de la transaction a été divulguée 218 fois, pour un montant total de 172,8 milliards $.

À l’inverse, sur les 90 achats d’entreprises du Québec par des rivales de l’extérieur du Canada, la valeur totale des transactions s’élève à 23,7 milliards $.

Connues et moins connues

Certaines transactions jouissent d’une grande visibilité. C’est le cas de l’achat de la chaîne d’optique Iris par son éternelle rivale Groupe Vision New Look, en juillet. Ou encore de l’achat d’usines aux États-Unis par Cascades.

D’autres ont tendance à passer sous le radar.

Un exemple ? Le fabricant de produits en plastique moulé québécois IPL, qui a procédé à deux acquisitions importantes aux États-Unis en l’espace de six mois, soutenu par le Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et placement.

Cette dernière a appuyé plusieurs entreprises de son portefeuille, qui ont procédé à tout près d’une cinquantaine d’acquisitions depuis deux ans.

« C’est pratiquement l’équivalent d’une acquisition hors Québec toutes les deux semaines », note le premier vice-président pour le Québec de la Caisse de dépôt, Christian Dubé.

Il y a également PremierTech, spécialisée en agriculture et en équipements industriels, qui a procédé à pas moins de cinq acquisitions au cours de l’exercice 2016-2017. L’entreprise de Rivière-du-Loup est aujourd’hui présente dans 24 pays et ses revenus dépassent 675 millions de dollars par an.

Problème d’image

Quoi qu’il en soit, la ministre de l’Économie Dominique Anglade reconnaît que davantage doit être fait pour faire connaître le rôle d’acquéreur de Québec inc.

« Pour renverser cette idée […], on essaie de faire le plus possible la promotion de leurs bons coups et on les encourage à propager leurs bonnes nouvelles. Il faut qu’elles soient fières de dire qu’elles sont des conquérantes. »


QUELQUES ENTREPRISES EN PLEINE EXPANSION HORS QUÉBEC

COGECO

  • Télécommunications
  • Acquisition : MetroCast, qui rejoint 236 000 foyers et entreprises de l’est des États-Unis.
  • Valeur de la transaction : 1,4 milliard $ US

UNI-SELECT CANADA

  • Pièces de rechange et de peinture automobiles et industrielles
  • Acquisition : The Parts Alliance, au Royaume-Uni
  • Valeur de la transaction : 265 millions $ US

IPL

  • Produits de plastique moulé
  • Acquisition : Macro Plastics, aux États-Unis, qui fabrique des conteneurs en plastique rigide dans trois usines.
  • Valeur de la transaction : 150 millions $ US

PREMIER TECH

  • Agriculture, équipements industriels et technologies environnementales
  • Acquisitions : cinq dans l’exercice financier 2016-2017, deux en juillet
  • Valeur des transactions : plus de 30 millions $ US (la valeur de certaines transactions n’a pas été dévoilée)

SNC LAVALIN

  • Ingénierie, construction et infrastructures
  • Acquisition : WS Atkins, au Royaume-Uni
  • Valeur de la transaction : 3,6 milliards $ US

Source : Philippe Orfali, Le Journal de Montréal, 21 août 2017