Intelligence artificielle : Montréal recevra 40 millions d’Ottawa
Un tout nouvel institut en intelligence artificielle, des fonds pour la recherche afin de retenir les professeurs et un environnement stimulant pour attirer des étudiants : c’est essentiellement ce que Montréal pourra faire de sa part des 125 millions annoncés pour l’intelligence artificielle par le gouvernement Trudeau mercredi. Voici ce qu’on a appris de plus jeudi.
Montant, sur cinq ans, que recevra Montréal dans le cadre de la « Stratégie pancanadienne en matière d’intelligence artificielle pour la recherche et le talent » annoncée mercredi par le gouvernement Trudeau. Selon des sources qui précisent que certains détails restent à peaufiner, Toronto en recevrait autant, Edmonton en aurait 25, tandis que les 20 millions restants serviraient à différents projets à la grandeur du Canada.
« On est dans un work in progress. Le gouvernement fédéral est venu nous voir il y a un mois et demi. […] Il reste encore des fils à attacher, mais Montréal va recevoir une part significative, c’est sûr. »
– Denis Therrien, vice-président à la recherche de l’Institut canadien de recherches avancées (ICRA), qui a reçu le mandat d’Ottawa d’administrer ces fonds
47 MILLIARDS
Marché des produits liés à l’intelligence artificielle d’ici 2020, selon l’ICRA.
UN INSTITUT À 10 MILLIONS
Un des scénarios actuellement à l’étude prévoit la mise sur pied d’un nouvel institut à Montréal, auquel on attribuerait un budget de fonctionnement de 10 millions sur cinq ans. La forme précise de cet « institut » est encore floue : ce sera « un organisme indépendant, mais associé aux universités de Montréal et McGill », précise Yoshua Bengio, professeur à l’Université de Montréal et directeur de l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal (MILA).
RETENIR LES MEILLEURS
Montréal compte quelque 150 chercheurs, professeurs et étudiants spécialisés en intelligence artificielle. Des centaines d’autres ont cédé au chant des sirènes et ont été recrutés par de grandes entreprises. L’axe le plus important de la stratégie est donc « d’attirer et retenir les meilleurs », explique Denis Therrien, de l’ICRA. Comment faire ? Il n’y a pas de secret : en donnant à ces experts les budgets, les ressources et des salaires compétitifs par rapport aux Google et Facebook de ce monde.
« Je m’attends à ce que ce soit le premier jalon d’une stratégie. C’est très important qu’on garde nos chercheurs et, surtout, qu’on en forme plus. »
– Yoshua Bengio
DU MIEL POUR LES ATTIRER
Une fois les professeurs comblés, reste à remplir leurs salles de cours et leurs laboratoires. « Le deuxième axe, c’est de produire du nouveau talent et d’augmenter très significativement le nombre d’étudiants avancés en apprentissage profond », explique Denis Therrien. Formation et rétention devraient recevoir quelque 30 millions en cinq ans, selon ce qu’a appris La Presse, essentiellement pour financer des projets et des chaires de recherche. Ce qui devrait libérer un peu ces experts des contraintes des demandes de financement et de l’administration.
ACCUEIL ENTHOUSIASTE
Tant du côté de l’Alliance numérique que de l’Université de Montréal, on a salué jeudi cet investissement consistant d’Ottawa dans un domaine où Montréal fait déjà figure de leader. D’autant plus qu’on a également annoncé 950 millions sur cinq ans pour appuyer des projets innovants d’entreprises, dont une bonne partie touchera vraisemblablement à l’intelligence artificielle.
« C’est le genre de recherche qui, même si elle est fondamentale, est ancrée assez étroitement dans les besoins de l’industrie. Je n’ai jamais vu un canal de communication aussi direct entre l’industrie et l’université qu’en intelligence artificielle. »
– Philippe Beaudoin, vice-président, recherche, chez Element AI, une « usine à start-up »