Innovation Les aiguilleurs du soutien aux entreprises

novembre 5, 2024 9:57 am Publié par Marilyn Remillard Catégorisé dans:

Les ressources ne manquent pas pour aider les entreprises québécoises à innover : le Conseil de l’innovation du Québec recense près de 700 organismes d’aide à l’innovation dans la province. Mais alors, n’est-ce pas un réel défi pour une entreprise de s’y retrouver dans cette profusion de soutiens ?

D’abord, il faut relativiser la situation : tous ces organismes ne s’adressent pas à chaque entreprise. Les programmes et les initiatives sont segmentés par secteur d’activité et par type d’entreprise. « Du point de vue d’une PME, les opportunités se comptent probablement sur les doigts d’une main », souligne Benoît Labbé, directeur général adjoint au Conseil de l’innovation.

Cependant, même pour trouver ces quelques programmes qui pourraient aider une PME dans sa démarche d’innovation, « le parcours peut être déroutant lorsque l’entreprise ne dispose pas de personnel consacré à cette tâche », reconnaît M. Labbé.

Une plateforme unique

C’est justement pour orienter les entreprises dans ce labyrinthe du soutien que le Conseil de l’innovation vient de lancer officiellement le réseau des conseillers en innovation du Québec sur le site Innoveici.quebec. Le dirigeant d’entreprise remplit un formulaire en 15 minutes. À l’intérieur de dix jours, un conseiller en innovation le contacte et devient son interlocuteur pour le guider vers les programmes de soutien appropriés.

Depuis deux ans, le Conseil de l’innovation a formé 500 conseillers partout dans la province en leur donnant les connaissances nécessaires pour naviguer dans l’écosystème d’organismes de soutien à l’innovation.

Ces conseillers ont accès à un répertoire intelligent qui, en plus de leurs connaissances, leur permet d’associer les besoins spécifiques d’un projet aux organismes les plus pertinents à contacter.

 Benoît Labbé, directeur général adjoint du Conseil de l’innovation du Québec

Le principe de ce réseau de conseillers est de se baser sur les besoins des entreprises. Ces conseillers en innovation sont des employés d’organismes publics ou parapublics, d’organismes à but non lucratif, de services de développement économique, ainsi que de centres de recherche et de centres d’expertise industrielle.

Chaque conseiller oriente l’entreprise vers les ressources appropriées, qu’elles soient offertes par la structure qui l’emploie ou qu’elles soient proposées par un autre organisme. Et quand le projet dépasse les compétences du conseiller de première ligne, l’entreprise peut être mise en relation avec un conseiller principal, qui assure l’accompagnement vers les ressources nécessaires au projet d’innovation.

Clarifier les besoins et orienter vers le bon contact

C’est justement un conseiller principal qui oriente Cédric Moindrot vers les programmes d’appui pertinents pour soutenir les projets d’innovation de l’entreprise Ma Cantine, dont il est associé et directeur des opérations. Son associé, Philippe Jean, président de Ma Cantine, et lui ont conçu des réfrigérateurs intelligents, qui sont vendus ou loués à des organisations qui veulent offrir un service alimentaire à leurs employés ou à des visiteurs.

« Nous ne savions pas précisément de quoi nous avions besoin ni à quelles ressources nous pouvions prétendre. En discutant, des idées ont émergé, et en 48 heures, nous avons reçu un courriel avec des propositions de contacts », relate M. Moindrot.

C’est un véritable suivi, avec une écoute attentive de nos besoins et des mises en relation concrètes. On ne nous donne pas seulement des noms, mais on nous transmet aussi les coordonnées des bonnes personnes à contacter.

 Cédric Moindrot, directeur des opérations, Ma Cantine

L’entrepreneur a pu établir le besoin de financer le fonds de roulement de l’entreprise ainsi que le déploiement de représentants dans les principales villes du Québec et de l’Ontario. C’est que Ma Cantine, qui a déjà installé une quarantaine de réfrigérateurs intelligents, vise à en déployer 100 de plus d’ici la fin de 2025, ce qui nécessite des efforts dans la commercialisation. Son conseiller lui a fait plusieurs suggestions, en plus de lui avoir transmis les coordonnées d’un contact à Toronto.

La commercialisation est un peu le parent pauvre du soutien à l’innovation, lorsque les appuis cessent une fois que les nouveaux produits sont mis au point. « Les entreprises québécoises doivent bénéficier d’un accompagnement continu du début à la fin de leur projet d’innovation, en mettant davantage l’accent sur la commercialisation », soutient Frédéric Alberro, PDG de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ). « Nous devons avoir les yeux rivés sur les clients, la compétition et les marchés extérieurs. Il ne faut pas lâcher les entreprises au moment où elles commencent à commercialiser leurs produits et à développer des exportations. »

Source : Didier Bert, La Presse – Portfolio Innovation, 5 novembre 2024