GP FORMULA SUN : LES APPRENTIS INGÉNIEURS MONTRÉALAIS BRILLENT SOUS LE SOLEIL DU TEXAS

juillet 14, 2017 11:42 am Publié par Marilyn Remillard Catégorisé dans:

Deux équipes d’étudiants en génie de Montréal se sont classées dans le top-5 d’une course de voitures propulsées à l’énergie solaire, au Texas. Seize étudiants de Polytechnique et dix de l’École de technologie supérieure, deux établissements montréalais à l’avant-garde dans domaine de pointe du transport durable. Nous avons demandé aux capitaines de relater leur expérience. Voici leur récit, entrecoupé de détails techniques de ces petites merveilles solaires nommées Esteban et Éclipse.

TROIS

C’est le nombre de jours que durait le Formula Sun Grand Prix 2017, une compétition nord-américaine de véhicules solaires qui avait lieu cette année du 6 au 8 juillet, dans la ville d’Austin, au Texas.

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La voiture Esteban de Poly, au Circuit des Amériques d’Austin, au Texas, avant le Formula Sun Grand Prix 2017.

Des 18 équipes américaines et canadiennes qui ont tenté de se classer, seulement 8 ont pris le départ. La voiture de Poly, Esteban, a parcouru une distance de 1096 kilomètres en trois jours. Éclipse, de l’École de technologie supérieure (ETS), a fait 982 kilomètres. L’équipe de Poly a réalisé le tour le plus rapide (4 min 32,5 s), mais c’est Berkeley qui a gagné la course. Poly a fini troisième, devant l’ETS, qui s’est classée quatrième.

24 HEURES

Les véhicules solaires, qui se rechargent en se déplaçant, ont roulé huit heures par jour. La batterie peut aussi être rechargée à l’énergie solaire le matin, avant la course, et le soir, de 18 h à 20 h.

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Les 20 équipes participant à la compétition de voitures solaires d’Austin, alignées avant la course au Circuit des Amériques. Photo: Mathieu Lecours

« Je suis trop grand pour rentrer dans l’auto », nous a dit Manuel Ponce-Julien, directeur du projet Esteban, qui prenait les mesures à distance pendant la course et communiquait avec le pilote pour lui dire d’accélérer ou de ralentir. La taille idéale du pilote est de 5 pi 4 po. Poids obligatoire : 176 lb.

« On ajoute du poids dans le véhicule, au besoin », précise Anthony Riendeau, capitaine de l’équipe Éclipse. Jeudi, Samuel Tétreault-Leclerc et Élyse Robin Boulanger, de Poly, ont tour à tour conduit pendant quatre heures et fini la journée en quatrième position, malgré des ennuis de pneus. De leur côté, Mathieu Lecours, Pascal Chouinard et Philippe Skidds, de l’ETS, ont fait le plus grand nombre de tours et fini deuxièmes.

112 KM/H

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les véhicules solaires ne sont pas des trottinettes. Ils peuvent aller très vite.

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Deux Žéquipes d’éŽtudiants en géŽnie de MontréŽal, Poly et ƒl’ÉTS, se sont classéŽes dans le top 5. Photo: Mathieu Lecours

La vitesse de croisière est de 70 km/h et la vitesse maximale atteint 112 km/h.

Le premier jour, Esteban a fait 67 tours de piste, le deuxième jour, 69, et le dernier, 64, pour un total de 198 (en tenant compte de 2 tours de pénalité).

Par comparaison, Éclipse a parcouru 174 tours, mais a dû se retirer de la course après 21 heures en raison d’un bris de moteur, et à 228 tours pour les grands gagnants, Berkeley.

100 %

Les véhicules, d’une valeur d’environ 250 000 $, sont alimentés à 100 % à l’énergie solaire. Les panneaux, répartis sur 6 m2, peuvent générer 1,391 watts.

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Esteban, de Poly, à Austin. Photo: Renaud LespéŽrance

Ils alimentent une batterie au lithium-ion d’une capacité de 5 kWh.

Vendredi, Alice Brault-Germain, de Poly, a roulé pendant quatre heures sans incident, avant de donner le volant à Samuel Tétreault-Leclerc, après un changement de pneus, pour quatre heures supplémentaires de course folle. De leur côté, Mathieu Lecours, Pascal Chouinard et Philippe Skidds, de l’ETS, ont fini troisièmes.

212 KG

Les bolides Esteban et Éclipse pèsent respectivement 212 et 206 kg. Ils disposent d’une autonomie de trois heures sans soleil à 70 km/h.

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L’éŽquipe de la voiture solaire Esteban de l’Ɏcole Polytechnique. Photo: Renaud LespéŽrance

Le châssis semi-monocoque d’Esteban est fait en fibre de carbone et en mousse structurelle. Sa cage de protection et sa suspension sont constituées d’un alliage d’acier chrome-molybdène.

Conçu par les étudiants dans les ateliers de Poly, rue Bridge, à Montréal, Esteban fait 4,721 m de longueur, 1,74 m de largeur et 1,063 m de hauteur. La première génération de cette voiture a été conçue en 1998. Le véhicule Éclipse, construit par les étudiants de l’ETS, rue Peel, est en titane et sa suspension est en aluminium.

26 ÉTUDIANTS

L’équipe de Poly comptait 16 étudiants au Texas : 10 gars et 6 filles, une présence féminine appréciable dans un monde plutôt masculin.

GP Formula Sun : les apprentis ingénieurs montréalais brillent sous le soleil du Texas

Celle de l’ETS était composée de huit gars et deux filles. Inscrits au baccalauréat, à la maîtrise ou au doctorat en génie électrique, en génie mécanique, en génie physique ou en génie des opérations logistiques, ils venaient de 10 villes québécoises. Une étudiante de HEC Montréal faisait aussi partie de la société technique de Poly. « L’ambiance était très festive sur la ligne d’arrivée », nous a dit Sarah St-Laurent, directrice des communications du projet de Poly. « Nous sommes extrêmement satisfaits de nos performances des trois derniers jours. »

2018

Prochain défi des équipes Esteban et Éclipse : à la mi-juillet 2018, sur les routes américaines. Un rallye de neuf jours sur un circuit de 2735 kilomètres (1700 miles), du Minnesota à l’Oregon. Une autre belle épopée solaire.

Source : La Presse, 12 juillet 2017