UNE CONFÉRENCE D’ENVERGURE SUR L’INNOVATION
CO-ORGANISÉE PAR l’ADRIQ-RCTi, LE CIRANO ET QUÉBECINNOVE
Une première édition de ce forum fort appréciée qui s’est tenue le 25 septembre 2018 à l’hôtel Hyatt Regency à Montréal. Un événement multidisciplinaire et multisectoriel.
Près de 150 personnes, représentants des entreprises, des universités et centres de recherche et des gouvernements se sont déplacés pour cette journée conférence de haut niveau. L’objectif de la conférence était de faire avancer les politiques publiques et d’avoir une meilleure connaissance des bonnes pratiques en matière d’innovation et de recherche. De nombreux enjeux ont été soulevés et des solutions ont été proposées par les conférenciers.
Les PDG des trois organisations co-organisatrices du Forum, Nathalie de Marcellis-Warin (CIRANO), Pascal Monette (ADRIQ-RCTi) et Isabelle Foisy (QUébecInnove) ont ouvert cette journée.
La première intervention a été faite par Rémi Quirion, Scientifique en chef du Québec. Il a dressé un portrait de l’écosystème québécois de la recherche et de l’innovation ainsi que des mesures de soutien du gouvernement pour aider au démarrage et favoriser l’innovation. Il a souligné aux participants l’importance de collaborer à travers cet environnement regroupant de nombreux acteurs, notamment les centres de transfert technologique et les centres de recherche. Les enjeux et défis soulevés par M. Quirion touchent : la capacité de recherche fondamentale et appliquée, la relève et la main d’œuvre hautement qualifiée, les partenariats et l’international, le financement et finalement la diversité et l’inclusion.
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Pour répondre aux enjeux soulevés par M. Quirion, Julie Insley, Directrice exécutive – Région Québec, Stratégies et politiques d’innovation, Innovation, Sciences et Développement économique Canada est venue nous entretenir des solutions disponibles au niveau fédéral. Après avoir dressé un portrait de l’écosystème canadien de l’innovation, elle a ainsi présenté le guichet unique canadien qui permet d’avoir accès à tous les programmes ainsi que les 5 super-grappes d’innovation qui ont été lancées récemment.
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Marie-Josée Blais, Sous-ministre adjointe à l’innovation, Ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Gouvernement du Québec, a rappelé l’objectif que s’est fixé le Québec, de se positionner d’ici 2022 comme 10e pays leader en innovation dans le classement de l’OCDE. Mme Blais, tout en mettant en avant les forces du Québec en recherche, a tenu aussi à rappeler la timidité des entreprises dans la commercialisation (c’est-à-dire les aboutissements de l’innovation basés sur les résultats de recherche). Elle a insisté sur l’importance capitale de sensibiliser l’ensemble de la société à la science. Mme Blais a également présenté les investissements du gouvernement du Québec en IA et a décrit les nouveaux programmes dans le cadre de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI).
Après le diner réseautage, Mme Hélène Fortier, Agente de promotion des partenariats de recherche au CRNSG, est venue présenter les différents programmes offerts par le CRNSG pour supporter l’innovation et la collaboration université-entreprises. Parmi ceux-ci, elle a fait mention notamment du programme de soutien faisant parti des plus efficaces du Canada, le PARI.
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PRÉSENTATION DES RÉSULTATS D’UNE CONSULTATION AUPRÈS DES ENTREPRISES QUÉBÉCOISES
En préparation au Forum sur l’innovation, le CIRANO et l’ADRIQ-RCTi ont conduit une consultation auprès d’entreprises québécoises sur les enjeux liés à la gestion de l’innovation. Ingrid Peignier, directrice des partenariats et directrice de projets au CIRANO, a présenté les principaux résultats de cette consultation. Mme Peignier a ainsi dressé un portrait des plus grandes barrières à l’innovation identifiées par les entreprises. Celles-ci ont été regroupées en cinq grandes catégories, la gestion et l’organisation à l’interne, les processus, la gouvernance et l’environnement public, les ressources humaines et finalement les technologies et les infrastructures. Des différences ont aussi été présentées en fonction des secteurs industriels et de la taille des entreprises.
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ATELIER 1 – ENJEUX LIÉS À LA GESTION DE L’INNOVATION EN ENTREPRISE
Basés sur les résultats de la consultation, des échanges ont eu lieu lors du premier panel de cette conférence. Isabelle Deschamps, Consultante-experte et Professeure associée à Polytechnique Montréal a animé ce panel sur la gestion de l’innovation en entreprise avec
– Claude Morasse, Directeur, Développement corporatif, Premier Tech
– Patrick Gagné, Président-directeur général en résidence, OSMO
– Sébastien Blais-Ouellette, Président et chef de la direction, Photon Etc.
– David Nadeau, Directeur de l’ingénierie, CAE
Après que chacune des entreprises ait présenté brièvement ses processus et activités d’innovation en leur sein, Mme Deschamps a interrogé les panélistes sur différents aspects :
– Quels sont les éléments facilitateurs à l’innovation au sein de leurs entreprises mais aussi dans l’écosystème québécois ?
– Quels sont les freins / les obstacles à l’innovation (internes et externes) ?
– Quels enjeux devraient prioriser les gouvernements pour soutenir l’innovation dans les entreprises québécoises ?
– Quelles sont les solutions, approches novatrices en gestion de l’innovation dont on peut s’inspirer ?
Différents éléments facilitateurs importants pour le succès de l’innovation ont été abordés lors du panel : une bonne connexion avec ses partenaires et clients, et cela à l’échelle mondiale; la mobilisation des employés dans une recherche de la diversité et créativité que cela peut apporter; un environnement de travail attractif et stimulant. Il a été souligné que l’inclusion (en termes de savoir être) et la diversité (en termes de savoir-faire) constituait les moteurs de croissance de l’innovation et de rétention du personnel qualifié. Des approches novatrices, mises en place par les entreprises représentées sur ce panel, ont été suggérées comme pistes de solution pour stimuler davantage l’innovation et en accélérer le rythme : faire des hackethons et appels à tous auprès des employés; développer des produits innovateurs avec la collaboration étroite de clients; mettre en place des accélérateurs pour améliorer très tôt les performances des start-ups.
En termes de freins à l’innovation, ont été cités l’importance de bien comprendre les problématiques de ses clients afin de trouver la meilleure façon d’y répondre et également dans un autre ordre d’idée, le fait que l’aide indirecte (fiscale) est peut-être à certains égards moins bénéfiques que l’aide directe (comme des concours par exemple ou des projets ciblés). On a abordé la problématique spécifique aux entreprises de haute technologie et aux start-ups, dont l’entrée dans des marchés spécialisés mondialisés requiert du temps et nécessite donc un support spécifique d’un écosystème de support mieux coordonné et de mentors aguerris pour les aiguiller et augmenter leur crédibilité auprès des grands groupes industriels acheteurs d’innovations.
L’élément central des discussions, tant dans les éléments facilitateurs que dans les freins à l’innovation, tournait autour de l’humain : il a été montré l’importance d’investir dans ses ressources humaines, que ce soit les chefs d’entreprise, autant que dans les jeunes professionnels et spécialistes. De tels investissements en ressources humaines signifient ainsi former et préparer ces personnes à mieux travailler en équipes multidisciplinaires à l’interne et à l’externe. Les ressources humaines sont, plus que jamais, au cœur des processus d’innovation. Si l’on transpose cet enjeu au niveau des politiques publiques, on voit ici clairement émerger une action prioritaire à privilégier par le gouvernement : investir en éducation et mieux intégrer les notions d’entrepreneuriat et d’innovation comme une compétence dans ses formations.
ATELIER 2 – NOUVEAUX MODÈLES DE COLLABORATION EN RECHERCHE ET EN INNOVATION
Catherine Beaudry, Professeure titulaire, Polytechnique Montréal, Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la création, le développement et la commercialisation de l’innovation et Fellow CIRANO a animé ce 2ème panel sur les nouveaux modèles de collaboration en recherche et innovation avec
– Charles Despins, Directeur des affaires professorales, de la recherche et des partenariats, ÉTS
– Denis Faubert, Président-directeur général, CRIAQ
– Pierre Boucher, Directeur général, Innovation ENCQOR
Les échanges ont tourné autour de trois grandes thématiques
Le virage 4.0
– Est-il nécessaire à la collaboration, ou au contraire un frein à celle-ci lorsque les différentes organisations sont à différents stades d’adoption de ces outils numériques ?
– Qui doit prendre le leadership de la transformation numérique au sein des chaînes d’approvisionnement, de valeur, d’innovation ?
L’intersectorialité et la transectorialité
– Comment les mécanismes / modèles de collaboration doivent-il ou sont-ils appelés à changer dans ce contexte ?
La coordination au sein et entre les écosystèmes
– Comment prendre en considération les lieux / espaces physiques et virtuels de collaboration dans la gestion / gouvernance des écosystèmes?
Dans ce panel est ressorti encore davantage l’importance de collaborer et d’être en réseau, et ce, surtout avec les centres de recherche, qui semblent être souvent négligés selon les panélistes. Un élément clé a également été abordé : le délai de montage des projets, alors que le cycle de développement de l’innovation est de plus en plus court. Les échanges ont montré un besoin que les universités se transforment en misant davantage sur de la formation multidisciplinaire et surtout que l’interface entre la R&D et l’industrie soit mieux coordonnée et gérée. La coordination ne doit pas se limiter aux échanges entre personnes mais il semble également important de fédérer les lieux physiques et virtuels.
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ÉTAT DES MEILLEURES PRATIQUES EN INNOVATION DES ENTREPRISES INNOVANTES DU QUÉBEC
Suite à ces ateliers, le cercle des leaders de l’innovation a présenté l’état des meilleures pratiques en innovation des entreprises innovantes du Québec. Dave Caissy, Président du Cercle des leaders de l’innovation et Samuel Courtemanche, Directeur du contenu, ont ainsi présenté certains indicateurs permettant de mesurer la contribution de l’innovation sur les chiffres de l’entreprise. Ils ont également abordé l’enjeu des ressources humaines dédiées à l’innovation.
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LEADERSHIP EN INNOVATION
André Du Sault, gouverneur du Harvard Club Québec et consultant chez SDA Conseil Inc. et Yanouk Poirier, Associé chez Leaders International ont clôturé la journée avec une allocution ayant trait au leadership en innovation, élément clé pour une culture de l’innovation réussie. Ils ont montré ce qui est important et comment les dirigeants doivent appliquer leur stratégie de croissance et leur déploiement à plus grande échelle. Leur présentation était basée sur un ouvrage qu’ils ont publié montrant les résultats d’une étude qualitative auprès des entreprises sur les défis, les erreurs et les solutions à mettre en œuvre pour réussir ces innovations.
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Richard Bruno, Président et CEO, Beyond IfTM Corporation et fellow invité CIRANO a donné le mot de clôture de cette conférence. Il a souligné que l’innovation n’est pas seulement une question de technologie ; il s’agit de fournir un produit et/ou un service avec des » jambes » à un marché. En reprenant les enjeux soulevés tout au cours de la journée, il a insisté sur l’importance d’avoir du leadership pour construire une culture d’innovation dans les entreprisses. Il a rappelé que l’innovation est un travail d’équipe et qu’il est primordial d’atteindre un consensus via la collaboration, d’abord au sein de l’entreprise, puis avec les principales parties prenantes externes (les clients en premier lieu, les fournisseurs en deuxième et finalement avec les partenaires technologiques).
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Pour conclure sur cette journée conférence, on constate que toutes les présentations et les échanges ont permis de mettre en relief des solutions aux barrières identifiées dans les processus d’innovation qui sont ressorties lors de la consultation auprès d’un échantillon d’entreprises québécoises. Ainsi, établir des ponts plus solides et une communication plus tangible avec les entreprises, impliquer davantage les entreprises dans les écosystèmes en développant des solutions technologiques de mise en réseau en fonction des besoins des industriels et bien entendu rendre l’écosystème de l’innovation plus convivial et efficient semblent être des éléments importants pour favoriser et soutenir l’innovation au Québec.