Forte croissance de DuProprio au Québec
DuProprio connaît une croissance soutenue. Depuis 2011, l’entreprise de services-conseils en immobilier a vu ses propres parts de marchés augmenter de près de 80%.
De fait, de 2011 à 2016, les parts de marché de l’entreprise fondée à Québec en 1997 dans les nouvelles inscriptions sont passées de 9% à 20%.
Une «nouvelle inscription» signifie qu’une propriété a été mise en vente sur le marché.
C’est que «[…] les gens veulent faire affaire avec des entreprises transparentes qui utilisent les avancées technologiques au profit de leurs clients. […] Nos services permettent à nos clients de profiter d’un grand avantage monétaire», affirme Marco Dodier, président et chef de la direction de DuProprio afin d’expliquer ces résultats.
Si l’on se fie à l’entreprise, rachetée des mains de Propriétés numériques Square Victoria (une filiale de Power Corporation, qui possède aussi La Presse) par Pages Jaunes en 2015 pour 50 millions de dollars, ses parts de marchés seraient même plus importantes que 20%.
D’abord, l’année 2017 aurait été faste pour l’entreprise, qui annonce une progression de 10% du nombre d’inscriptions en juin 2017 par rapport à juin 2016.
Puis, c’est que les méthodes de calculs entre courtiers et DuProprio diffèrent, selon la direction de l’entreprise.
«Notre méthode de calcul est plus conservatrice, disent-ils. Chez nous, une même propriété ne compte qu’une seule fois durant sa mise en vente. Tandis que les courtiers considèrent chaque renouvellement [du contrat de courtage] d’une même propriété comme plusieurs inscriptions».
Du côté de la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ), les parts de marchés sont évaluées sur les ventes, et non pas sur les inscriptions. «Nous comparons le nombre de ventes Centris (répertoire des propriétés en ventes par des courtiers) avec les transactions enregistrées au Registre foncier», nous explique-t-on.
Selon cette méthode de calcul, la part de marché des courtiers immobiliers au Québec était de 75% en 2015, année de la dernière estimation.
Notons toutefois que la FCIQ ne tient pas compte (dans ce 75%) des ventes réalisées en moins de 60 jours ou des contrats de courtage «acheteur». Ses parts pourraient donc être plus élevées.
Baisse marquée du nombre de courtiers
En parallèle, comme le révélait Les Affaires en exclusivité mardi, le nombre de courtiers immobiliers a diminué de 16,5%pendant la même période de 5 ans.
Une baisse significative, certes, mais qui ne s’explique pas seulement par la croissance vigoureuse de DuProprio, croient les experts. Il ne s’agit pas, tant s’en faut, d’une corrélation parfaite.
Selon Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal et ancien membre du CA de l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), «bien sûr que DuProprio a pris des parts de marché, mais à mon avis, leur présence médiatique est plus importante que leur présence sur le marché».
Quant à Jean Laurin, président et chef de la direction de Newmark Knight Frank Devencore à Montréal, «si le modèle de cette entreprise est légitime et qu’elle prend sans doute des parts de marchés, ça n’explique pas tout. Ça ne fait pas une immense différence», croit-il.
Pour M. Laurin, la baisse du nombre de courtiers au Québec est plutôt liée aux barrières à l’entrée de la profession mises en place par l’OACIQ.
Mais cette réglementation «a pour but de protéger le public, ce qui est notre mission fondamentale», a répondu l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) lors d’un échange de courriels. «Il est aussi essentiel que le public sache quand il est protégé par la Loi sur le courtage immobilier et quand il ne l’est pas», a-t-on tenu à préciser.