Et si le futur du Québec inc. passait par les régions ?

mars 6, 2019 3:41 pm Publié par Marilyn Remillard Catégorisé dans:

Comme vous le savez, j’adore parcourir les différentes régions du Québec afin de non seulement découvrir des paysages magnifiques, mais surtout pour rencontrer des gens passionnants. De Gaspé à Saguenay et de Chibougamau à Baie-Comeau, j’ai l’occasion de m’y rendre régulièrement.

La semaine dernière, c’est à Lac-au-Saumon, dans la magnifique vallée de la Matapédia en Gaspésie, que je me suis rendu afin d’y donner une conférence. Lors de chacun de mes déplacements, la dualité Montréal-régions me saute aux yeux.

C’est fou à quel point, chacun de notre côté, nous vivons le nez collé à l’arbre nous empêchant d’avoir une bonne vue d’ensemble de toutes les opportunités qui s’offrent à une plus grande collaboration entre les entrepreneurs urbains et ruraux.

C’est drôle à dire, mais je me demande si les échanges interrégionaux ne seraient pas plus profitables que ceux avec d’autres pays. En effet, au lieu de faire des missions à Paris ou à Boston, je serais curieux de voir ce qu’un échange entre un producteur laitier de Saint-Irène et un entrepreneur en technologie de Griffintown ferait.

À mes yeux, nous sous-estimons grandement le maillage ville/régions. Qu’est-ce qui fait en sorte que nous restons chacun dans nos terres ? L’immensité du territoire ? Le manque de transport rapide et efficace ? Les différents « types » d’entrepreneuriat qui s’y pratiquent ?

En effet, à première vue, il n’y a rien de plus différent comme type d’entrepreneuriat qu’entre la production de céréales et le développement de l’intelligence artificielle d’un robot médical. Cependant, en ayant côtoyé ces deux univers, je crois qu’ils ont beaucoup plus d’atomes crochus qu’ils ne le pensent.

Il est grand temps de mettre sur pied des échanges entrepreneuriaux entre nos différentes régions, surtout entre les grands centres et celles-ci. Imaginez à quel point des idées folles fuseraient de toutes parts si l’on mettait autour d’une même table un producteur d’œufs du Bas-St-Laurent, une créatrice de logiciels de l’Abitibi et un designer de meubles de Montréal. Plus qu’une superbe discussion, de réelles solutions à de véritables défis seraient trouvées j’en suis absolument convaincu !

L’idée de sessions de brainstorm intersectorielles m’intéresse au plus haut point. C’est en mélangeant les genres que l’on arrive à de véritables innovations. Pourquoi ne pas appliquer cette recette au Québec ? Pourquoi ne pas créer des mini-conférences «à la C2 Montréal» à Gaspé, Sept-Îles ou Rouyn-Noranda afin que les entrepreneurs des grands centres et des régions se rencontrent et développent ensemble des solutions à de véritables défis qu’ils vivent tous chacun dans leur coin ?

En discutant avec les jeunes producteurs agricoles de la vallée de la Matapédia, j’ai réalisé, une fois de plus, qu’il n’y a absolument aucune différence entre eux et les entrepreneurs de start-up du Mile-End. Tous sont prêts à travailler fort afin de réussir en affaires et de réussir parallèlement leur vie familiale. Tous font d’immenses sacrifices afin d’atteindre leurs objectifs. Que ce soit l’automatisation de la ligne de traite pour les fermes laitières ou l’amélioration d’une plateforme transactionnelle pour vendre des jus fraîchement pressés les défis, bien que différents, sont exactement les mêmes !

Source : Nicolas Duvernois, Les Affaires, 6 mars 2019