Certification WELL : et si aller au travail améliorait votre santé?

juin 28, 2017 9:32 am Publié par Marilyn Remillard Catégorisé dans:

Et si votre lieu de travail contribuait à votre santé mentale, émotionnelle et physique ?

C’est le pari de la certification WELL, que j’ai découverte lors d’une conférence sur les bâtiments et les infrastructures vertes organisée par l’Initiative pour la finance durable.

Quelle différence entre les certifications LEED et WELL ?

La certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) se soucie des édifices. Elle reconnaît que la conception, la construction et l’exploitation d’un bâtiment en font un immeuble à haute performance dont les impacts négatifs sur l’environnement sont contrôlés.

La certification WELL se soucie des occupants des édifices. C’est le premier standard de construction qui repose exclusivement sur la santé et le bien-être des humains. Elle a été développée par la International Well Building Institute. Il y a près de 500 édifices certifiés WELL ou en attente de certification disséminés dans 30 pays.

La première certification nord-américaine a été accordée en juin 2016 à un étage du siège social de la Banque TD à Toronto.Cet espace de 25 000 pieds carrés comporte, entre autres, un salon paisible (tranquility lounge) où les employés peuvent se reposer et échapper à l’agitation de leurs espaces ouverts. Un concept qui est de plus en plus remis en question à cause du manque de tranquillité qu’il impose aux employés. Un approvisionnement régulier de fruits et légumes frais est offert. Le design s’inspire de la biophilie (affinité de l’homme pour le vivant et les systèmes naturels) pour une architecture qui imite les conditions d’un environnement naturel.

20 édifices WELL certifiés ou en attente de certification au Canada

Aujourd’hui, on trouve cinq édifices WELL au Canada. Au siège social de la Banque TD se sont ajoutés la salle d’exposition de Teknion (Toronto), l’édifice CBRE au centre-ville de Vancouver, la tour MNP (Vancouver) et le siège social de la TD au complet (Toronto).

Et 15 projets canadiens sont en attente de certification WELL. Un d’eux se trouve au Québec. Il s’agit de Humaniti, qui se décrit comme la première communauté verticale évoluée ». Humaniti se trouve sur la rue Bleury, à Montréal, à côté de l’immeuble de la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Il comportera des commerces, des espaces à bureaux, un hôtel, des copropriétés résidentielles et des appartements locatifs. C’est un projet conjoint de Cogir immobilier et du Fonds immobilier FTQ.

Les sept critères de la certification WELL

La certification WELL est valide pour trois ans. Après cette période, il faut postuler de nouveau. Cette certification évalue plus de 100 critères qui reposent sur sept thèmes:

– L’air: on vise une qualité d’air optimale. Les contaminants sont éliminés via la purification de l’air et des mesures préventives.

– L’eau: elle doit être facilement accessible et de bonne qualité.

– L’alimentation: l’offre alimentaire doit être saine et diversifiée. Les gestionnaires d’un immeuble WELL doivent, par exemple, soigner leur offre de restauration. Ils doivent veiller, entre autres, à ce que les ingrédients artificiels des aliments proposés soient clairement identifiés.

– La lumière: l’usage de la lumière naturelle est maximisé et l’éclairage artificiel est contrôlé pour améliorer l’humeur et la productivité.

– L’activité physique: le design facilite les déplacements actifs.

– Le confort : il est question du confort acoustique (insonorisation) et du confort physique (température).

– L’esprit: la santé psychologique est stimulée par l’esthétisme et la présence d’un environnement naturel.

Ce processus exige trois évaluations: scientifique, pratique et médicale. Comme vous pouvez le constater, cette reconnaissance est très holistique. On cherche à améliorer le bien-être des habitants de ces édifices par le biais du design aussi bien que de la technologie.

La certification WELL est encore peu connue. Le 6 juin dernier, la ville de New York vient de joindre le mouvement grâce au siège social de Structure Tone, à Manhattan.

« La santé et le bien-être des habitants d’un bâtiment ne sont pas encore une priorité des propriétaires immobiliers, reconnaît Thomas Mueller, président et PDG du Conseil du bâtiment durable du Canada. La performance financière et énergétique de leurs édifices les préoccupe davantage. Il y a un travail de sensibilisation à faire. »

Les retombées d’une certification WELL

Pour amorcer ce travail de sensibilisation aux vertus humaines et économiques des édifices WELL, Thomas Mueller énonce quelques statistiques :

– 38% les propriétaires qui dessinent, ou rénovent, leurs édifices en tenant compte de la santé et du bien-être des occupants voient la valeur de leur édifice augmenter (en moyenne de 7%);

– près de la moitié (46%) louent leurs espaces plus rapidement;

– plus du quart (28%) peuvent réclamer un loyer plus élevé.

Changer de posture: investir dans ses employés plutôt que dans l’édifice

La certification WELL implique un changement culturel chez les employeurs. Pour le concrétiser, les promoteurs du projet new-yorkais Structure Tone ont choisi d’exprimer le budget qu’ils ont consacré à devenir un édifice WELL en « investissement par employé » plutôt qu’en « investissement par pied carré ».

Les mots que l’on emploie sont porteurs de sens. Pour changer les perceptions, il faut aussi changer le vocabulaire.

Source : Diane Bérard, Les affaires, 27 juin 2017